26 août 2019

Péloponnèse, Vatheia

Le village le plus authentique du Magne...

C'est ce que disent les guides touristiques, alors il faut aller voir à quoi ressemble Vatheia. En arrivant depuis la côté ouest du Magne, on voit bien le village depuis la plaine et le bord de mer, et le paysage, bien qu'aride, est très beau.


Je vais laisser la parole à Patrick Leigh Fermor pour décrire Vatheia, car il le fait fort bien : "Puis ce furent Tzoukhalia et la montagne de Vatheia entièrement couronnée de tours. Sur les hauteurs, brisant les rayons parallèles et obliques du soleil, un groupe d'une centaine de sombres campaniles se dressaient dans l'air matinal au-dessus d'un ruban de terrasses. Chaque tour projetait sur le sol ensoleillé une longue lame d'ombre."

Les terrasses, on les devine encore un peu dans le paysage, mais elles sont désormais abandonnées aux lois des éléments naturels, et même en comptant la moindre maison, il n'y a plus une centaine de constructions sur ce que je qualifierais de colline plutôt que de montagne. Mais les conditions de voyage de Patrick Leigh Fermor devaient être totalement différentes de nôtres, maintenant que des routes ont été construites dans le Magne du sud.

Vatheia est maintenant bien accessible par la route, et on arrive sans encombre à l'entrée du village. Il n'y a pas de parking aménagé, alors on laisse la voiture sur le bord de la route et on part explorer Vatheia à pied, car on ne peut le faire qu'ainsi.


A l'entrée du village, le chemin est dallé et les maisons ont une belle allure. Il y a bien une ruine de ce qui devait être par le passé un pressoir à huile...


mais la majorité des maisons à l'entrée de Vatheia ont été restaurées.


C'est ensuite que ça se gâte... le chemin bien dallé du village se transforme rapidement en chemin de terre, qui permet de faire tout le tour du village, mais les maisons qui suivent ne sont plus que des ruines, envahies par les arbres, les figuiers de barbarie et les herbes sèches.


On se promène dans les ruines de ce qui devait être un beau village quand toutes les maisons étaient encore debout ; Vatheia est devenu un village fantôme où errent peut-être encore les âmes des victimes des vendettas et de la folie des hommes.
Il n'y a quasiment aucun visiteur dans cette partie du village, et on pourrait se promener dans le silence total. Oui, mais voilà, pas de chance pour nous lors de notre visite... Une fourgonnette hollandaise venait juste de cracher deux spécimens armés d'un drone, et notre promenade dans Vatheia s'est faite sous l'énervant vrombissement de leur dit-drone, un moustique technologique aussi casse-pied que ceux qui ont de vraies ailes.

Au détour du chemin, une vue sur toute la côte en contrebas se dévoile au coin d'une vieille maison. Le village est situé dans un endroit qui devait permettre aux habitants de voir arriver les menaces de loin.



Il y a de multiples occasions de photos, certaines maisons tiennent encore un peu debout et on peut se faire une bonne idée de ce que devait être Vatheia au temps de sa splendeur.


Plus on va vers l'extrémité du village, plus il y a de ruines. On comprend un peu, cela doit être plus court d'acheminer les matériaux nécessaires à la restauration à l'entrée du village plutôt qu'au bout, accessible uniquement par un sentier étroit.


Le sentier permet de faire le tour du village et de revenir vers son entrée par un itinéraire différent de celui de départ, une occasion de visualiser le contraste entre la partie restaurée et celle laissée telle qu'elle, et d'apercevoir plus haut le cimetière de Vatheia.


Avant de rejoindre l'entrée, nous avons aperçu un habitant devant l'une des tours, une personne âgée qui vaquait à ses occupations. C'est le seul habitant que nous croiserons lors de notre visite, les tours et autres maisons restaurées ressemblant plutôt à des résidences secondaires (fermées) qu'à des lieux de vie à l'année. Vatheia est loin de tout, pas de commerces, pas d'école, un bout du monde qui ne colle plus avec les modes de vie actuels. 

En partant de Vatheia, non pas par notre route d'arrivée mais en continuant vers le cap Tenare, nous avons eu une occasion, dans un lacet de la route, de contempler Vatheia dans toute sa splendeur.


Finalement, il faut souhaiter que Vatheia reste ainsi, et ne subisse pas de restauration à outrance pour le transformer en parc d'attraction à touristes comme l'est devenu Oia à Santorin. L'atmosphère de ces vieilles pierres et de ces ruines incite à la rêverie, à imaginer ce que devait être la vie ici dans les siècles passés. A Oia, on ne rêve plus et on n'imagine rien, on consomme. L'éternelle opposition entre Être et Avoir. 

Γεια σας !

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