3 décembre 2012

Une certaine vision de la Grèce

Ce blog est consacré aux îles de toutes les mers, avec une très nette hégémonie de la Grèce, pays très avantagé si l'on doit établir un classement des nations ayant le plus d'îles.
Comme chacun sait, la Grèce mais surtout une partie du peuple grec vit actuellement des moments très difficiles, situation qui inspire des écrivains.
Sortant un peu du sujet voyage dans les îles, j'inaugure une nouvelle rubrique consacrée aux livres (sur les îles) et je commence par... être à côté du sujet par la traduction, avec l'aide efficace de Jean, notre professeur de Grec, du premier chapitre du livre "Anomymes en faillite" du grec Christophoros Kasdaglis, ouvrage conseillé par le libraire de l'île de Folegandros que je tiens à remercier pour cette excellente suggestion.
J'ai tenu à partager avec mes lecteurs une vision humoristique et imagée (le livre est un monument d'humour noir) de la Grèce en cette période très sombre pour ce pays.

"Un antique poids lourd"

"La Grèce est un pays accidenté, plein de massifs montagneux. Athènes est entourée de montagnes et pleine de collines.
Personnellement, je suis né et j’ai grandi dans le quartier de Makriyani, au pied de l’Acropole, à environ trois cents mètres de l’actuel musée qui porte son nom. Les routes perpendiculaires qui encadrent mon domicile paternel sont en forte pente.

Je me souviens que, quand nous étions petits, dans les années 60, les conducteurs des (rares) voitures qui étaient garées dans les côtes étaient obligés de caler leurs roues avec des pierres de peur de se voir trahis par les freins à main primitifs et les boîtes de vitesses de l’époque.
C’est un peu comme cela que je vois aujourd’hui la Grèce. Comme un poids lourd hors d'âge qui est bloqué en côte. Pas garé – immobilisé au milieu de la route. Il ne peut pas avancer car il n’a plus de carburant. Il ne peut ni ne veut faire marche arrière – personne ne veut, en dehors des quelques spéculateurs extrémistes qui ont misé sur la ruine du pays. Derrière lui se sont trouvés pris dans l'embouteillage les pays Européens, les États Unis, l’Occident tout entier – et à leur suite les pays d'Orient et du Sud. S’il lâche, il y aura à coup sûr un carambolage. Un grand carambolage. Mais il ne peut pas non plus faire demi-tour. À sa droite et à sa gauche il y a de vieilles guimbardes abandonnées – les ruines d’un système économique dont il n’est pas question qu’il se remette jamais à fonctionner.

Ils lui ont donc mis quelques grosses pierres pour caler les roues arrière. Mais la pente est raide et le poids est considérable, alors on demande sans arrêt aux Grecs de descendre pour pousser.

La Grèce est aussi un pays maritime. Et les Grecs ont tendance à voir ces pierres comme des rochers qu’on leur a attachés au cou pour les conduire au port et les noyer. Ils ne veulent pas de cette charge, ils demandent que le poids lourd retourne là où il était avant, même s’il a de temps à autre perdu de l’huile et de vieilles pièces qui fichaient le camp au temps où le véhicule roulait encore sans que personne ne s'occupe de les remplacer. 
Nous écrasons l'accélérateur mais le véhicule semble collé là, pour l’éternité.
La Grèce était un ruisseau, qui est peut-être devenu par la suite un petit fleuve. Mais "méfie-toi du fleuve tranquille", dit un proverbe grec. Le petit fleuve tranquille a débordé quand les violents orages de la conjoncture internationale ont éclaté. Le ruisseau grec a menacé de noyer l’Europe et le monde. 
Mais n’allez pas chercher trop loin. Il n’y a pas qu'à Athènes qu’il y a des pentes. Rome n’est-elle pas construite sur sept collines ?  " 

Que pensez-vous de cette vision de la Grèce par un écrivain Grec ?
Dans un futur message, nous reviendrons à notre sujet, les îles, avec l'idée émise par quelques "humoristes" européens dont je tairai la nationalité de renflouer les finances grecques par la vente de quelques îles. Après tout, il en ont tellement...


Γεια σας !

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