Sous la voute céleste...
Folegandros est une île à la "conformation" banale pour une île des Cyclades. Le port est en bas (là, j'enfonce une porte ouverte... un port au niveau de la mer, quelle banalité...), Chora est en haut... Dans les Cyclades, Chora désigne toujours le village principal de l'île - c'est fou le nombre de Chora qu'il y a dans les îles grecques, les postiers grecs doivent s'arracher les cheveux - et est, dans la très grande majorité des cas, situé sur l'un des points les plus hauts. A une époque ancienne, il fallait voir arriver les pirates, pilleurs de ressources, pour mieux s'en défendre.
Donc, Folegandros ne faisant pas exception à la règle, quand on est logé au port (Karavostassi) car les prix sont moins chers et qu'il y a une plage (de galets, mais aux eaux cristallines) très sympathique, on monte à Chora le soir pour se restaurer dans l'une des nombreuses tavernes, car c'est plus animé que le port. Quand je dis "on monte"... on prend le bus qui, pour un tarif qui doit couvrir beaucoup plus que le carburant utilisé et l'entretien, vous fait parcourir 4 km en montée en une dizaine de minutes. Le temps d'admirer tranquillement le paysage et les petites chapelles qui le ponctuent.
Et une fois le repas pris à Chora, on redescend au port. Pas si simple... il y a bien des bus, en moyenne un par heure, voire moins, mais ses horaires ne sont pas toujours ceux de notre fin de repas.
Alors... pour bien digérer, ou éviter de passer un long moment à attendre le bus si on l'a raté, je vous propose de descendre au port à pied par la route.
Par la route ! Elle est folle ! Mais non, nous sommes dans une petite île et il n'y a pas une circulation d'enfer. Enfin presque pas, sauf aux horaires d'arrivée ou de départ (les deux fonctionnent de concert) d'un bateau. Dans ces créneaux horaires là, franchement, je conseille d'éviter notre petite promenade car ils descendent tous au port quasiment en même temps, et pour la remontée, c'est pareil, un peu plus tard, le temps d'embarquer les clients. Quand je dis "ils", ce sont les camionnettes, les voitures, les motos, les mobylettes,...
Donc, nous prenons soin de regarder les horaires de bateaux, et nous choisissons un créneau tranquille.
De toute façon, il n'y a aucun sentier pour aller de Chora au port, donc c'est le bus ou la route à pied, pas d'autre choix... Ne pas compter sur la compassion des automobilistes qui empruntent la route, grecs ou touristes, pour vous proposer de vous descendre. Depuis toutes ces années que nous allons à Folegandros, cela ne nous est arrivé qu'une seule fois, un grec a eu "pitié" de deux pauvres "égarés" et nous a proposé gentiment de nous descendre au port, ce que nous n'avons pas voulu refuser.
L'idéal, c'est de faire le trajet la nuit par nouvelle lune. Pourquoi ? Parce que vous verrez un ciel comme vous n'en avez jamais vu sous nos latitudes citadines.
Les aventureux peuvent descendre sans lampe, on arrive à suivre la route même sans éclairage. Les taupes, donc je suis, préméditeront leur coup et se muniront d'une lampe de poche, d'une frontale, videront la batterie de leur téléphone avec la fonction "torche",... bref chacun sa méthode, l'essentiel étant d'assurer l'endroit où on pose les pieds.
Et là, c'est magnifique, le grand frisson céleste. On voit très distinctement la Voie Lactée, les constellations de la Grande Ourse, la Petite Ourse, le Dragon, Cassiopée, le Scorpion,... des milliers de points lumineux, de quoi nous rappeler que, comme l'a si bien dit Hubert Reeves, nous ne sommes que de la poussière d'étoiles, si petits dans l'immensité du ciel.
Et comme l'a écrit Fabrice Midal dans son livre, "Frappe le ciel, écoute le bruit" : "Notre esprit est vaste et profond comme le ciel, mais des obscurcissements divers nous empêchent de nous en rendre compte". Alors, notre petite descente au port sous la voute céleste, ne serait-ce pas aussi une vision de ce qu'est notre esprit ? Plutôt positif, cet aperçu !
Et comme l'a écrit Fabrice Midal dans son livre, "Frappe le ciel, écoute le bruit" : "Notre esprit est vaste et profond comme le ciel, mais des obscurcissements divers nous empêchent de nous en rendre compte". Alors, notre petite descente au port sous la voute céleste, ne serait-ce pas aussi une vision de ce qu'est notre esprit ? Plutôt positif, cet aperçu !
Et notre descente sera jalonnée de petites chapelles (3 en tout) qui, pour l'une d'elles, nous offrira même un petit bout de chemin éclairé (enfin, cela dépend des années.... restriction due à la crise probablement, la chapelle des saints Anargyrites n'était pas éclairée en 2015).
En voici deux, photographiées de jour :
C'est la première que nous croisons sur la droite de la route, dédiée aux Saints Raphael, Nicolas et Irini. Elle n'est pas éclairée de nuit, mais sa blancheur immaculée renvoie quand même les quelques photons qui passent dans les parages.
La chapelle qui lui fait face, sur la gauche de notre descente, encastrée dans la roche, n'est pas éclairée non plus, mais on peut aussi distinguer sa silhouette blafarde même sans lumière.
Ensuite, il y a un bon bout de marche dans l'obscurité, idéal pour admirer les étoiles, puis on rencontre la chapelle plus imposante, et éclairée, des Saints Anargyrites :
A ce stade, on voit déjà au loin les lumières du port. Et certaines années, on peut entendre tinter quelques clochettes, nous rappelant que des chèvres ne sont pas loin.
Puis c'est la dernière ligne droite vers le port, sans grand intérêt car les lumières, mêmes si elles ne sont pas toutes proches, commencent à polluer le ciel nocturne et à affadir la voute céleste.
Voila, cela nous a pris environ 45-50 minutes pour 4 bons kilomètres sans trop d'efforts, en descente.
Alors, tenté(e) par cette expérience un peu hors du commun ? Ce qui est sûr c'est que vous serez un(e) des seul(e)s à la tenter, le touriste moutonnier n'étant pas très amateur de ciel étoilé...
Quoique... une année, nous nous sommes fait doubler par un marcheur solitaire qui descendait, lui aussi, mais sans éclairage.
Laissez-moi vos impressions, si vous avez tenté l'expérience...
Cette descente peut aussi se faire de jour, elle n'est pas désagréable non plus (toujours à la condition qu'il n'y ait pas de bateau à l'horizon).
Γεια σας !
Γεια σας !
Bonjour Danièle,
RépondreSupprimerNous partons pour Folegandros mi-septembre et votre blog est une mine de renseignements, notamment cet article qui me donne bien envie de glisser un lampe de poche dans les valises. Nous serons également logés à Karavostassi. Merci!
Bonjour,
SupprimerMerci pour votre commentaire. J'espère que l'expérience du ciel étoilé et de la contemplation de la voie lactée vous laissera les mêmes impressions que nous. J'espère que vous n'y serez pas en période de pleine lune, sa luminosité cache malheureusement une partie du spectacle.
Je vous souhaite un bon séjour à Folegandros et de belle promenades dans l'île, c'est une très belle île à taille humaine de marcheur.
Et n'hésitez pas à me faire part de vos impressions à votre retour !
Bon voyage.
Merci Danièle!
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