5 juillet 2019

Péloponnèse, Le Magne

La péninsule de la baston...

Nouvelle série d'articles sur le Péloponnèse, puisque c'est une île depuis le percement du canal de Corinthe (voir mon précédent article sur ce sujet). Cette fois-ci, je vais vous parler du Magne, une longue péninsule située tout au sud du Péloponnèse, entre le golfe de Messénie à l'ouest et le golfe de Laconie à l'est. 
Le Péloponnèse ressemble à une main un peu particulière, puisqu'elle n'aurait que 4 doigts ; dans cette représentation, le Magne occupe le majeur.
 
Le Magne n'est pas une région de Grèce, il s'agit juste du nom de la péninsule ; il se situe à cheval sur les deux régions de Messénie (ville principale Kalamata) et de Laconie (ville principale Sparte). Les deux principales villes du Magne sont Areopoli sur la côte ouest et Gythio sur la côte est. Je vous parlerai indépendamment de chacune d'elles.

Le Magne lui-même, indépendamment des régions grecques, se subdivise en 3 parties :
- dans sa partie nord-ouest : le "Magne extérieur", Έξω Μάνη, ainsi nommée car elle constitue la frontière avec l'extérieur, Kalamata.
- dans sa partie sud : le "Magne intérieur", Μέσα Μάνη, ainsi appelée car elle est encerclée par la mer, ce qui donne une impression d'intérieur ; cette partie est aussi dénommée "Magne profond" car son isolement, du fait de sa géographie, l'a un peu coupé du reste du Péloponnèse. On parle bien de la France profonde, le Magne profond obéit aux mêmes critères de jugement.
- dans sa partie nord-est : le "magne inférieur",Κάτω Μάνη, ainsi nommée car elle est relativement plate. Les grecs n'ont pas encore la tête trop près du bonnet, ils continuent à utiliser le terme "inférieur" qui se justifie par la géographie, à l'inverse des français qui ont remplacé cette dénomination dans tous leurs départements. 

C'est une très belle région, vous aurez l'occasion de le constater si vous lisez mes articles à venir - ceci n'est qu'une présentation générale, je rentrerai dans les détails pour chaque endroit que nous avons visité. Comme le Magne est le prolongement au sud des monts Taygète, il cumule deux points forts : la mer et la montagne, cette dernière étant toute proche du bord de mer.

Le Magne est réputé pour une particularité qu'à ma connaissance on ne rencontre nulle part ailleurs - mais je n'ai pas parcouru toute la planète -, les maisons forteresses, dont voici un exemple :


Je vous expliquerai dans un article future la raison exacte qui a poussé les Grecs à construire de telles maisons, car il y en a une, vitale.

Si vous regardez attentivement cette photo, un point important doit vous frapper... on voit le ciel à travers la fenêtre du haut, ce qui signifie que la maison n'a plus de toit, c'est une ruine, encore pas trop mal conservée - certaines sont dans un triste état -, ce qui pourrait laisser penser qu'elle est (peut-être) en cours de remise en état. 
Un grand nombre de ces maisons sont en ruine car elles ont été construites dans les siècles précédents et ensuite abandonnées après la seconde guerre mondiale. La région a connu un nombre d'habitants bien supérieur à celui d'aujourd'hui, elle est maintenant tournée vers le tourisme pour sa survie car elle a hérité d'un sol pauvre, rocheux et aride qui ne lui permet pas de la culture intensive et donc nourricière.

On est dans un endroit où les habitants, dans les siècles passés, se considéraient d'abord comme maniotes, avant d'envisager d'être grecs. De forts caractères, organisés en clans autour d'un chef, plusieurs clans pouvant cohabiter dans un même village, et qui ne rechignaient pas à régler eux-mêmes leurs affaires.
Ça ressemble comme une goutte d'eau à ce que nous appelons la vendetta. D'ailleurs la région a de faux airs de Corse, mâtinés de Toscane. Des maniotes sont même venus vivre en Corse pour échapper aux guerres de clan chez eux.
De faux airs de Corse ? Par moment, les airs sont vrais ! J'en veux pour preuve ce panneau le long de la route qui nous souhaite la bienvenue dans le Magne ensoleillé. Impossible de déterminer à qui les anarchistes disent "merde", c'est un gribouillis, mais on distingue clairement les nombreux trous qui n'ont pas du être faits par des balles d'opérette... J'ai fait le même genre de photo en Corse et le calibre devait être voisin.

 
On comprend déjà mieux les maisons forteresses, très utiles pour se mettre à l'abri quand l'adversaire vous canarde ou que vous voulez lui régler son compte depuis votre fenêtre...

Voici l'un des villages, Lagkada, qui représente assez bien la physionomie des paysages maniotes :


Les maisons forteresses émergent maintenant au milieu de constructions plus récentes dans les villages qui n'ont pas été désertés par leurs habitants.
Le village le plus typique du Magne est Vatheia, resté dans son jus, mais du coup il n'y a quasiment plus personne qui y habite et la grande majorité des maisons est en ruine. Il n'empêche... ce village a vraiment de l'allure, et je vous emmènerai le visiter en détail.


Il y a bien d'autres choses à voir dans le Magne : de jolis petits ports, le point le plus au sud de l'Europe parait-il, de belles fleurs et plein de biodiversité - c'est très tendance en ce moment, j'ai réussi à placer le mot - des oliviers et des orangers à perte de vue dans certains endroits, et quelques belles plages.  J'en oublie forcément...
J'ai l'air de vous brosser un paysage idyllique, mais ceci concerne principalement le nord du Magne. Le sud est beaucoup plus aride. Nous avons eu la chance de voir de la verdure lors de notre visite, mais ce n'est pas toujours le cas. Je cite ce qu'en dit un grec selon le livre "Mani" de Patrick Leigh Fermor dont je parle plus en détail ici. 
"Quand Dieu a fini de créer le monde, il lui restait un sac de pierre et c'est ici qu'il l'a vidé."

La montagne et la mer, mais rien à voir avec le cliché touristique habituel de la Grèce. Il y a des touristes dans le Magne, mais sans la surpopulation touristique qui règne maintenant dans des endroits comme les Cyclades ou Athènes. Ici, on peut encore entendre le silence ou juste le vent qui souffle entre les tours dans de nombreux endroits ; on peut rouler sur des petites routes sans croiser grand monde, et si l'on excepte les grands week-ends de fête genre Ascension ou Pentecôte, où les grecs se déplacent en masse, il est très fréquent de ne voir personne ou presque lors de promenades. Un endroit comme je les aime...

L'époque de la vendetta est révolue, les maniotes actuels sont accueillants et, pour tout vous révéler, j'ai eu un coup de coeur pour cette très belle région qui correspond bien à ce que j'apprécie, la beauté avec la tranquillité.

Enfin, et ce n'est pas négligeable, on y mange bien ; il y a bien sûr les grands classiques grecs, mais aussi des plats locaux et, pour certains endroits, un soin particulier apporté à la confection des plats. J'ai des preuves de ce que j'avance, j'ai fait quelques photos.

Tout est bien dans le meilleur des mondes, alors je vous propose d'embarquer vers le Magne dans les articles à venir.

N'oublions pas le côté pratique : nous avons passé 5 jours à le visiter en détail, avec des journées bien remplies qui se terminaient toutes (en juin) par au moins une baignade en bord de mer.

Le plus pratique pour y aller depuis la France est de prendre un vol direct vers Kalamata. Aegean Airlines propose de tels vols à partir de quelques villes françaises, avec un service à bord (je précise que je ne suis pas commissionnée pour parler d'eux), et c'est, en plus, moins cher que le moins cher des charters bétaillère vers Athènes (en juin). A Kalamata, on est à une trentaine de kilomètres de Kardamyli, ville d'entrée du Magne sur la côte ouest. C'est donc le meilleur plan pour ne pas passer des heures sur la route pour y arriver.

Voilà, la présentation générale est finie, je rentrerai dans le vif du sujet dans les prochains articles.


Γεια σας !

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