14 août 2019

Péloponnèse, Areopoli

Un haut lieu historique...

Nous voici arrivés à Areopoli, étymologiquement "La ville d'Arès", tout un programme quand on connait l'identité et les oeuvres du dénommé Arès, dieu grec de la guerre offensive et de la destruction.
La ville ne s'est pas toujours appelée ainsi, et ce n'est qu'au 19ème siècle qu'elle a changé de nom, elle s'appelait auparavant Tsimova. Ce changement de nom est lié aux événements historiques qui sont partis d'Areopoli, et dont je vais vous parler un peu plus loin. 
Commençons d'abord par visiter la ville. Areopoli est considérée comme la ville la plus importante du Magne, je m'étais donc imaginée une grande ville, animée. Gros désappointement... la ville est un village d'environ 1000 habitants, dont le principal de l'activité se concentre autour d'une grande place centrale moderne, et d'une rue piétonne qui traverse la ville ancienne bordée par de belles maisons en pierres bien restaurées et aboutit sur une grande place rectangulaire.



Au coin de cette place se situe l'église des Taxiarques, l'un des monuments à visiter dans Areopoli.




En ce début de soirée, la porte de l'église est ouverte, alors on entre... L'intérieur est sombre, sans éclairage, mais le reste de lumière du jour nous permet d'entrevoir de magnifiques fresques du sol au plafond. Puisqu'il n'y a pas assez de lumière, nous essayons de faire une photo au flash avec l'idée qu'on y verrait mieux sur la photo qu'au naturel. Et c'est là que la situation s'est gâtée... Un jeune en civil a jailli de derrière l'iconostase comme un polichinelle de sa boîte et a commencé à nous hurler dessus "no photo, no photo !". Un peu surprise par cette réception glaciale et agressive, j'essaye de lui expliquer (quelques mots d'anglais) que les fresques sont très belles, mais il nous hurle une nouvelle fois dessus (en anglais) en nous disant qu'on est ici dans une église, un lieu sacré, et pas dans un musée ! L'intégrisme religieux version orthodoxe... Je ne sais pas si c'est le fait d'être dans l'église des Taxiarques, celle des deux archanges Michel et Gabriel chefs des armées célestes, qui lui donne cette envie guerrière par osmose...
C'est la première fois depuis le temps que nous voyageons en Grèce (plusieurs dizaines d'années) que nous nous faisons recevoir ainsi dans une église. Habituellement, les Grecs sont accueillants, ou au pire indifférents, mais jamais hargneux à ce point. Nous étions juste à l'entrée de l'église, bien habillés, respectueux et silencieux... Bon, ça commence mal la visite d'Areopoli...

Pour se changer les idées, nous partons en exploration chercher un lieu pour se restaurer le soir. Il y a quelques restaurants le long de la rue piétonne, il n'y aura que l'embarras du choix quand l'heure sera venue.
Pas grand chose de remarquable à photographier dans Areopoli - j'avais peut-être perdu un peu le goût d'admirer les vieilles pierres après la douche froide de l'église-, alors je me suis rabattue sur les fleurs ; elles au moins, elles ne peuvent pas parler...


Nous partons explorer la vieille place au bout de la rue piétonne. Devant la boulangerie, l'un des blocs de pierre comporte une date gravée, 17 mars 1821 :


et sur l'un des murs de la grande place, une statue en marbre est surmontée d'une inscription en grec :


L'inscription indique : "De cette place historique a commencé la grande insurrection sous la direction de Petrobey le 17 mars 1821". Nous sommes au coeur de l'histoire de la libération des grecs du joug turc. 
Si vous ne connaissez pas cette phase très importante de l'histoire grecque, je vous la résume : les grecs vivaient depuis 400 ans environ sous occupation turque de leur territoire. La révolte qui allait mener à la guerre d'indépendance grecque a démarré précisément ici, à Areopoli, le 17 mars 1821, sous l'impulsion de Petrobey Mavromichalis. Il n'y avait pas de turcs à Areopoli, et la première ville libérée du joug turc fut Kalamata le 23 mars 1821. L'Histoire grecque a retenu la date officielle du 25 mars 1821 comme début symbolique du soulèvement, bien que des combats aient déjà eu lieu un peu avant, car ce jour correspond à la déclaration de guerre de libération nationale sous l'impulsion de Theodoros Kolokotronis (un grand nom de l'Histoire grecque) et de l'archevêque Germanos, de Patras.

Voici ce que raconte Patrick Leigh Fermor dans son livre "Mani" : "C'est du Magne que partit le premier coup. Petrobey et trois cent Maniotes, avec Kolokotronis et un grand nombre de grands Klephtes de Morée, avancèrent sur la garnison turque de Kalamata. Après que celle-ci se fut rendue, il publia une liste des revendications grecques, adressée aux cours d'Europe et signée Petrobey Mavromichalis, prince et commandant en chef. Les drapeaux de la liberté furent hissés dans toute la Grèce et la péninsule tout entière s'enflamma, venant à bout pour toujours, après quatre siècles d'esclavage, de la domination turque et donnant naissance au brillant phenix de la Grèce moderne. Petrobey, à la tête de ses Maniotes, livra bataille après bataille au cours de ces féroces années. Dans cet affrontement, il gagna sa place parmi les géants.(...) Pas moins de quarante-neuf membres de sa famille furent tués durant cette lutte, et sa capitale Tsimova fut rebaptisée en son honneur Areopolis, la ville d'Arès, le dieu de la guerre."

L'une des fêtes nationales grecques a lieu le 25 mars, en commémoration de ce 25 mars 1821.


Après avoir plongé dans de telles racines historiques, il était temps d'aller se restaurer. Nous en avons profité pour goûter à deux plats typiques du Magne : coq au vin et à la tomate, délicieux, moelleux, et une omelette au syglino. Il s'agit de viande de porc et de saucisse fumées à la sauge et cuisinées aux oranges. C'est très bon, mais on aurait préféré un peu plus d'oeufs dans l'omelette et un peu moins de viande de porc. Cela valait vraiment la peine de découvrir ces deux plats locaux. Et je m'aperçois que, dans le feu de la dégustation, j'ai oublié de faire des photos des plats...

Encore une journée riche en découvertes !

Γεια σας !

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