Et un Profitis Ilias de plus...
Le projet pour la promenade du jour est d'aller explorer la partie nord-ouest de l'île de Sikinos, en passant par le monastère de Zoodochos Pygi et l'inévitable Profitis Ilias, un nom qui désigne en général le point culminant des îles. Mais à toute règle il faut bien une exception, puisqu'à Sikinos le Profitis Ilias n'est qu'à 340 m si j'en crois les lignes de pente de la carte, alors que le point le plus haut de l'île culmine à 549 m (Froudhi tou Aghiou Mama - un nom qui ne doit pas courir les rues dans les autres îles grecques...).
Au départ du port d'Alopronia vers Chora, il y a un bus à 9h15 et le suivant à 11h15.Pas d'hésitation, avec nos dispositions naturelles, nous prendrons celui de 11h15...
Nous commençons donc notre traversée de Kastro, direction le monastère tout en haut. Mais à peine démarrés, nous nous arrêtons déjà pour discuter avec un habitant. Les Sikiniotes - je ne sais pas si on les désigne ainsi, mais il faut bien leur trouver un nom - sont très gentils, ce qui contraste quelque peu avec d'autres îles plus touristiques où l'étranger n'est plus une personne digne d'intérêt, à part pour le contenu de son porte-monnaie. Les Sikiniotes, au contraire, répondent volontiers et avec le sourire à nos "Kalimera", quand ils ne les devancent pas, et ne sont pas avares de renseignements quand on leur pose des questions. Notre interlocuteur nous a raconté un petit bout de sa vie : il avait travaillé toute sa vie au Brésil, et parlait couramment portugais et espagnol. Il nous a expliqué que nous ne trouverions aucune taverne ouverte le midi à Chora, elles ouvrent uniquement le soir, et que notre seul espoir de restauration, si nous en avions un, se situe au port, chez "Meltemi".
Second départ, le bon cette fois, pour le monastère. Nous empruntons la voie que nous avions vue la veille lors de la visite de Kastro, puis un long escalier dallé qui grimpe sec jusqu'en haut de la colline,
Le monastère de Zoodochos Pygi (La source de vie), d'un blanc immaculé sous cet angle, domine les deux villages de Kastro et Chorio. Une vue imprenable, avec au fond l'île de Folegandros.
La chapelle toute simple au pied du monastère est ouverte, mais le monastère est exceptionnellement fermé ce jour et le lendemain, comme l'indique un papier punaisé sur la porte d'entrée. Pas de chance, mais pas trop de regrets non plus, nous n'avions pas réfléchi en partant et nous n'étions pas équipés de la "tenue convenable de rigueur" requise pour la visite de ce genre de lieu, vêtus comme nous l'étions de shorts et T-Shirts vu la chaleur.
Le monastère est construit, comme souvent, dans un endroit remarquable, sur un piton rocheux, avec une vue plongeante sur la mer. Nous sommes, ici, plus près du paradis...
Nous continuons sur un chemin de gravier qui contourne le monastère, une occasion de constater qu'il n'a été peint en blanc que sur ses faces les plus visibles. Les murs restants sont en pierre sèche et montrent par endroit un état de délabrement avec des parties éboulées et non reconstruites. La vie à l'intérieur doit être spartiate...
Le chemin de gravier rejoint la route, en dessous de l'héliport, mais on ne fait que la tangenter, et on emprunte de suite un autre chemin qui monte doucement. L'itinéraire est bien balisé, nous sommes sur un bout du n°4 de Paths of Culture jusqu'au Profitis Ilias.
Le chemin est très agréable, avec la vue sur la côte nord-ouest de Sikinos, rocheuse, mais nous constatons progressivement que notre sentier commence à être bordé par des résidus de civilisation en tout genre : sacs plastiques, vieux emballages, bouteilles vides, ... Ça devient un peu moins idyllique...
Nous passons très vite cette portion de l'itinéraire qui passe tout près d'une grosse décharge à ciel ouvert. Le visage moche de la Grèce. Heureusement, les détritus se raréfient à mesure que l'on s'éloigne.
Une dernière montée, rude, et on atteint par un petit bout de sentier sur la droite la mignonne chapelle du Profitis Ilias.
On a beau ne pas être à l'endroit le plus haut de l'île, la vue est splendide, avec une vision panoramique sur les montagnes environnantes et sur la plage d'Aghios Georgios, dont j'aurais l'occasion de parler dans un article suivant.
Encore un endroit où la porte de la chapelle est ouverte. L'intérieur est simple, mais agréable pour se reposer un peu à l'ombre.
A l'extérieur, il y a une table et des bancs en pierre, un cadre idéal pour ceux qui auraient des velléités de pique-nique. Pour nous, ce sera très frugal, un pasteli et une bonne rasade d'eau encore après un peu fraîche après la route déjà parcourue.
Nous n'avions pas très envie de continuer la suite de la rando en aller/retour jusqu'à Aghia Trida et éventuellement la baie de Malta, tout d'abord parce que nous n'avions pas prévu de pique-nique, et ensuite parce que nous préférons les randos en boucle plutôt que de repartir par le chemin que nous avions pris à l'aller. Or, aller à Aghia Triada, c'est se condamner au retour par le même chemin, il n'y en a qu'un.
La consultation de la carte nous offrait une perspective de retour en boucle par une portion du chemin n°5 de Paths of Culture, dont le départ était clairement indiqué par un panneau en bois près de la chapelle du Profitis Ilias.
Nous voilà donc partis sur ce sentier, pas très large, pas toujours très visible et bien moins balisé que dans la portion précédente. Et c'est là que ça c'est rapidement corsé...
Lorsqu' après un petit bout de descente nous sommes arrivés sur un grand plateau rocheux avec un bel à-pic sur la droite, plus aucune trace ni balisage du moindre sentier... Chacun part d'un côté pour explorer les environs et trouver une marque quelconque, mais rien à attendre du côté de l'à-pic, la descente en rappel ne fait pas partie du programme. En explorant la partie gauche du plateau rocheux, on pourrait, peut-être..., distinguer plus bas une vague trace qui ressemble à un sentier, et qui correspond à ce qu'il y a de tracé sur la carte. Mais voilà, comment le rejoindre au milieu de cette caillasse et des épineux ? Un petit moment de découragement, oh non, zut, on ne va pas être obligés de faire demi-tour et de reprendre le même chemin...
Finalement, l'acharnement finit par payer. En furetant un peu, nous finissons par tomber sur un cairn et ce qui ressemble à une trace qui descend vers le sentier que nous croyons avoir aperçu. Avec tout ça, j'étais plus occupée à écarquiller les yeux qu'à penser à faire des photos, mais j'ai quand même eu un petit moment de distraction. Voilà à quoi ça ressemble, le sentier n°5 de Paths of Culture dans ce coin de Sikinos :
En descendant parmi les épineux, on finit par tomber sur une plaque métallique décolorée, rivetée sur un caillou, et portant le numéro 5. Victoire !
Cette portion du sentier n'est vraiment pas terrible, laissée à l'abandon, nous sommes en terrain hostile, mais à force de suivre cette vague trace nous finissons par croiser un sentier bien plus "orthodoxe" que nous suivons sur la droite.
Plus de soucis maintenant, l'itinéraire est tout tracé (quel confort !) jusqu'à la chapelle d'Aghios Ioannis (Saint Jean), au milieu de nulle part.
Le sentier remonte ensuite jusqu'à la route en dessous de l'héliport. Cette portion de sentier n'est pas en bon état non plus dans la dernière partie. Les épineux l'ont envahi, il faut souvent faire de petits détours dans les cailloux pour avancer ; et, cerise sur le gâteau, nous recroisons des détritus sur une portion du chemin, ce qui nous indique que nous devons être en contrebas au niveau de la décharge longée à l'aller. Ça vole loin, tous ces vieux plastiques...
Nous ne reprenons pas le chemin de l'aller qui passe par le monastère, mais nous faisons un petit bout de marche sur la route qui vient d'Aghios Georgios. Vu le trafic, on peut marcher au milieu de la chaussée, on ne craint rien. Et puis ça délasse un peu les jambes de marcher sur un sol régulier, après ces passages dans la caillasse et à enjamber les épineux.
Comme indiqué sur la carte, nous trouvons une portion de sentier sur la droite qui nous ramène à Kastro.
La boucle est bouclée... Et comme nous sommes encore entre 14h et 17h... ça ne va pas être facile de trouver un petit quelque chose à grignoter.
Et c'est là que nous avons encore une preuve de la gentillesse des Sikiniotes. Le snack-bar où nous avions discuté avec le grec le matin était quasiment en train de fermer, mais la propriétaire, voyant notre air de dépit, s'est mis en quatre pour nous préparer quelque chose à manger : une petite salade grecque chacun, avec plein de câpres, du melon jaune, elle nous a même dégotté deux bananes, le tout avec de grands sourires. Sikinos est une expérience réjouissante, les humains en contact avec les touristes n'ont pas encore perdu leur qualité d'accueil. On sent vite que ces sourires ne sont pas mercantiles, juste naturels.
Avec tout ça elle a fermé à 14h30, et j'ai même pu avoir un café grec avec la promesse de remettre ma tasse sur le bord de la fenêtre quand j'aurai fini. Siga, siga, pas besoin de décamper de notre table à la fermeture de l'établissement, on pouvait rester tranquillement installés à finir notre café... Un peu d'intelligence dans ce monde de brutes, ça fait un bien fou !
Et comme il n'y avait pas non plus de bus, nous sommes redescendus une nouvelle fois à Alopronia à pied, par la route cette fois-ci. C'est un peu plus rapide que le sentier, plutôt agréable car la vue tout au long du trajet est très belle, et si on a croisé 2-3 voitures ou mobylettes pendant toute la descente, c'est bien le maximum.
Côté informations pratiques : cette promenade nous a pris 3 heures de Kastro à Kastro, et nous avons mis 40mn pour redescendre à Alopronia à pied par la route.
Une très belle balade, avec une journée qui s'est finie, comme d'habitude (on en a déjà pris depuis 2 jours...), à la plage d'Alopronia.
Γεια σας !
Γεια σας !
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