7 février 2019

Sérifos, Tour de l'île (3/4), Mega Livadi

Au coeur des restes de l'exploitation minière...

Continuons notre tour de l'île de Serifos. Nous avons repris la route depuis Sykamia, dépassé le village de Panaghia - dont je parlerai plus en détail dans un article à venir sur la belle randonnée Sykamia - Panaghia - et traversé l'île du nord au sud, une occasion de voir les choses de haut, en particulier un très beau panorama sur la baie de Livadi et le haut de la colline de Chora (sur la droite) :


Cette route est très belle, et tranquille, on ne croise que quelques rares véhicules et ce n'est pas un problème de s'arrêter quelques minutes n'importe où pour prendre des photos.

On prend ensuite l'embranchement vers Mega Livadi et on arrive au village par le haut avec une belle vue d'ensemble sur la baie avec ses quelques maisons tassées au bord de l'eau.


On aperçoit sur la gauche, au bord de l'eau, l'ancienne rampe de chargement du minerai dans les bateaux qui venaient spécialement à cet endroit pour l'emporter loin, à l'étranger ; car le minerai de fer extrait ici dans des conditions proches de l'esclavage par les grecs de Serifos et des îles voisines à la fin 19ème siècle et dans la première moitié du 20ème siècle ne partait qu'à l'étranger, pas en Grèce.
J'ai dans l'idée de rédiger au moins un article sur l'exploitation minière à Serifos, c'est un sujet sur lequel il y a beaucoup à dire, et Mega Livadi a été le lieu de la première grève ouvrière de Grèce en 1916. A suivre...

Dans cette partie de l'île, il y a beaucoup de restes (rouillés) de l'histoire minière de l'île, et cela donne un cachet particulier aux endroits où les grecs ne se sont pas donnés la peine de "faire le ménage" après l'arrêt de l'exploitation, et c'est tant mieux.

Mega Livadi a une belle plage de sable, des tavernes au bord de l'eau, mais ce qui fait (de mon point de vue) son attrait principal, ce sont tous ces restes d'exploitation minière, comme si le temps s'était arrêté.
La meilleure façon de voir ces vieilles reliques est de partir à pied sur la gauche de la baie (en regardant la mer), en direction de la rampe de chargement, le wharf comme l'appellent les spécialistes. C'est un bon mot pour le scrabble, ça doit rapporter un bon stock de points !


La terrasse aménagée en surplomb de l'eau comporte de nombreux restes de tous les dispositifs qui permettaient d'acheminer le minerai jusqu'à la mer : restes de rampes en pierre, engrenages, rails rouillés, restes de chariots, ... dans un état plus ou moins bon de conservation.


Il reste encore quelques rails dans le sol, et d'anciens wagonnets qui doivent être ici plus pour la mise en scène que réellement abandonnés à leur triste sort. 



C'est un endroit calme et nostalgique, portant le souvenir des anciennes souffrances des grecs qui travaillaient dans les galeries voisines pour enrichir la famille Gromman, des Allemands qui avaient obtenu la concession et faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour rentabiliser l'affaire. Rien n'a changé, même si c'est ailleurs qu'à Serifos... 

De cet endroit on a une belle vue d'ensemble sur Mega Livadi :



et si on regarde attentivement le paysage, on distingue, au bout de la plage, dans l'espace libre entre les bâtiments, la stèle en mémoire des 4 mineurs tués par les gendarmes lors de la grève d'août 1916. Je vous en parlerai en détail dans un futur article, c'est épique.

Une fois revenus au bord de l'eau, une courte promenade conduit aux ruines de l'ancien siège de la compagnie minière, dont il ne reste que les murs et, à l'intérieur, un tas de gravats et de déchets rouillés en lien avec le travail de la mine.




De quoi faire réfléchir sur l'utilité de tout ça. Exploiter et faire mourir des mineurs pour juste enrichir quelques individus, et laisser ensuite un tas de ruines quand ce n'est plus rentable... Je sais bien que c'est partout pareil, et même encore à l'époque actuelle, mais contempler ces ruines fait émerger un sentiment d'indignation bien naturel.

Enfin, on est en vacances, et on ne va pas faire une nouvelle révolution à soi tout seul, donc on s'assoit tranquillement à l'une des tables au bord de l'eau et on se commande un café grec, histoire de faire retomber la pression en contemplant les vaguelettes qui viennent mourir sur la plage.



Un bien bel endroit, en dehors du temps mais pas de la bêtise d'une partie de la race humaine.

Et pour finir sur une note plus gaie, un petit coquin est venu nous rendre visite avec sa tête de fripouille. On n'a pas pu s'empêcher de lui faire quelques caresses...


Γεια σας !

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