23 février 2020

Cythère, Mylopotamos

Au fil de l'eau...

Nous voilà partis pour Mylopotamos, dans l'ouest de Cythère un peu à l'intérieur des terres. Pas de bord de mer aujourd'hui, mais toujours de l'eau, à profusion.
Mylopotamos, cela signifie littéralement le fleuve (ou la rivière) à moulin, et vous verrez que le nom colle parfaitement au lieu, ne laissant planer aucun doute, puisque nous allons nous promener à pied le long d'anciens moulins à eau.

Mylopotamos est un petit village tranquille où la vie se concentre sous deux énormes platanes. A l'ombre de ces géants l'unique taverne du coin, nommée sans originalité ο πλάτανος (le platane), nous permettra de nous restaurer après notre petite balade. 


Le tour du village est vite fait, alors on part voir les cascades et les anciens moulins sur le sentier balisé M41 de Paths of Greece. Vu ce que nous allons rencontrer, je n'ai pas regretté d'avoir mes chaussures de rando aux pieds...

Le départ du sentier est bien balisé, juste avant la terrasse de la taverne, par l'habituel petit poteau.


Le sentier descend rapidement, on se retrouve vite à couvert sous une végétation dense qui protège bien du soleil. Il ne faut pas plus de 5 minutes pour atteindre la première cascade, Neraïda (la fée), une jolie chute d'eau de quelques mètres qui tombe dans un bassin. On pourrait presque se croire à La Réunion.



Pas de chance pour nous, le lieu aurait pu être idyllique et inciter à la rêverie, mais une bande d'Italiens aussi braillards que des Grecs a pris entièrement possession du coin et barbote dans l'eau du bassin. Pas facile de faire des photos sans avoir leur tête dessus, du coup je n'ai pas pu avoir une vue globale sur mes clichés, il a fallu cadrer plus serré sur la cascade... On reste donc juste le temps qu'il faut pour voir ce lieu et on fuit ! Après, on est sûrs d'avoir du calme, l'écrasante majorité des touristes s'arrêtent à cette cascade.

On cafouille un peu pour trouver la suite du sentier M41, mais on finit par trouver un départ de sentier avec le balisage blanc et bleu habituel au coin d'une terrasse peu après la cascade. 
On avance un peu dans la végétation, puis on suit un petit canal d'irrigation un peu plus haut que le cours d'eau, qu'on qualifierait de torrent chez nous - le terme de rivière et encore plus de fleuve nous fait mourir de rire - que les Grecs ont baptisé Fonissa (la meutrière, l'assassine...). Nous ne saurons pas quel est l'origine de ce nom, mais le jour de notre visite elle était sans vindicte et le doux bruit de l'eau qui coule nous accompagnera pendant une grande partie de notre promenade.
Peu de temps après, nous arrivons dans un bel endroit, qui ressemble à un jardin, bien entretenu avec quelques fleurs et un chemin dallé.


Nous sommes pris d'un doute... Ne nous serions-nous pas trompés de chemin ? Sommes-nous en train de pénétrer chez quelqu'un ?
En avançant un peu, on voit juste une vieille église et, au détour d'un virage du chemin, nous tombons nez à nez avec un vieux monsieur grec qui nous demande si nous voulons qu'il nous ouvre. Nous ouvre quoi ? Eh bien le moulin à eau, naturellement.
Nous étions tombés devant un beau moulin bien restauré !


Nous acceptons bien sûr, et notre guide nous explique tout le fonctionnement du moulin, moitié en grec moitié en anglais. Il y a une première salle où on posait les grains, un passage un peu sombre, puis une seconde salle pas très bien éclairée non plus, où se trouvait le mécanisme de mouture, entrainé par la force de l'eau. Une colonne d'eau d'une dizaine de mètres entraîne une turbine, une roue dentée qu'il faut se pencher pour voir depuis un trou dans le plancher. La turbine entraîne le mécanisme de broyage, une meule de pierre équipée au dessus d'un énorme entonnoir où on versait le grain à réduire en farine. C'est intéressant qu'ils aient restauré et conservé au moins un moulin pour en faire la démonstration du principe aux visiteurs intéressés (nous étions les seuls...).

 
Tous les moulins à eau étaient disposés le long d'une profonde ravine au fond de laquelle coule en continu le fameux cours d'eau "assassin" utilisé pour actionner le mécanisme de mouture. Le site est maintenant abandonné, depuis 1950 parait-il, les moulins tombent en ruine. Il n'a pas fallu longtemps à la nature pour reprendre ses droits... Les moulins à eau ont été remplacé par des minoteries industrielles, et le site n'est plus qu'un cimetière de modes de vies ancestraux.


Après avoir bien remercié notre guide, nous continuons la suite de notre périple.
Les moulins étaient desservis par un grand réseau de sentiers, et il est heureux que Paths of Greece ait réussi à en entretenir et baliser au moins un pour nous permettre de faire cette belle découverte. 
Le sentier balisé suit le cours d'eau, nous rencontrons en chemin des petites chutes, des bassins, qu'il faut quelquefois traverser à gué. Et c'est là que ça s'est corsé... aucune pitié pour les "braves" qui ont eu le courage de continuer sur ce parcours. Tant qu'il y a quelques pierres plates pour passer à gué, ça me va, je glisse un peu, et on trouve facilement une "troisième jambe" bien utile dans ce sous bois. 


Mais quelquefois, le gué est juste un tronc d'arbre disposé en travers du torrent. Heureusement, l'eau n'est guère profonde, il fait chaud, alors... un pied mouillé va sécher vite.

Le sentier passe régulièrement par de très beaux endroits, l'eau est claire comme du cristal, c'est très agréable de cheminer dans ce lieu sauvage, un bout du monde où nous sommes seuls, évidemment.


Mais au bout d'un moment, on commence à se demander où tout ça va nous mener à force d'avancer sans trop voir dans quelle direction on va dans ce sous-bois.
Finalement, nous arrivons encore une fois le long du torrent près d'une ruine et (enfin !) deux panneaux qui indiquent "Panaghia Orfani" 1 heure et "Mylopotamos" 35' pour notre sentier le long de la gorge.
N'ayant aucune envie d'aller jusqu'à la Panaghia Orfani à pied, ayant vu où elle se situait sur la carte avant de partir, nous arrêtons là notre descente de la gorge, nous résignant psychologiquement à refaire le même trajet en sens inverse pour rentrer.
Nous avions bien vu un peu avant un vague sentier qui partait sur la gauche, dans une direction qui aurait pu nous ramener par un autre itinéraire vers Mylopotamos, mais il n'y avait aucune signalétique.
On regrimpe quelques mètres, on s'aventure quand même un peu sur ce sentier et, oh surprise, il y a une marque blanche et bleue sur un caillou ! On va donc continuer sur cette voie.
La "biodiversité" dont on nous parle tant en ce moment n'a aucun souci à se faire ici - le sentier est envahi par endroits par de grosses toiles d'araignées qui entravent notre cheminement et nous font parfois marcher pliés en deux pour ne pas les casser, mais surtout pour ne pas courir le risque de se prendre une araignée sur nous. Je déteste ça !
Elle ne doivent pas voir beaucoup de bipèdes... il y a de nombreux insectes - pas folles les araignées - et de beaux papillons. Le casse-croute est à portée de pattes.

 
Le chemin du retour ne fait que monter, normal, nous étions descendus dans la gorge et il faut revenir tout en haut à Mylopotamos. Cette partie d'itinéraire est aussi très belle et permet d'avoir un point de vue plus général sur le site, qu'on n'a pas du tout en longeant le cours d'eau.



Pas loin de l'arrivée, nous apercevons même de l'autre côté le moulin que nous avons visité à l'aller.



Voilà, le sentier aboutit le long d'une maison puis on rejoint la route qui nous ramène vers Mylopotamos et ses deux platanes.

Côté information pratiques : nous n'avons pas beaucoup marché en distance, environ 3 km et 45 minutes de marche effective, mais nous y avons passé 2 heures. Ce ne sont que des indications, le podomètre étant peu adapté dans ce genre de terrain pour mesurer les distances.

Nous avons fini notre balade à la taverne devant de bonnes spécialités grecques.

Vu le roman que je vous ai fait, vous aurez vite compris que j'ai beaucoup aimé cette petite rando un peu olé olé par moments - je ne suis pas une grande adepte des passages à gué sur pierres glissantes -, qui nous a fait découvrir un autre aspect de Cythère hors des sentiers battus.

Γεια σας !

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